Ce soir-la, les histoires de chasse defrayerent seules la conversation, et M. Le comte et son ami, inquiets de la longue absence de don Jaime, l’attendaient en proie aune vive anxiete; deja ils se preparaient a se mettre a sa recherche, lorsqu’il entra; ils le recurent avec de chaleureux temoignages de joie, puis ils lui demanderent des nouvelles de son expedition. Nous partirons quand vous voudrez, seigneur lieutenant, lui dit-il. Nos gens sont fatigues, lui dit-il, il serait temps de songer a camper pour la nuit. L’officier eut une seconde d’hesitation, puis faisant faire a son cheval quelques pas en avant: –Senor, dit-il d’une voix que l’emotion faisait trembler, je ne sais si vous etes un homme ou un demon, pour imposer ainsi seul contre tous votre volonte a des hommes braves: mourir n’est rien pour un soldat, lorsqu’il est frappe en pleine poitrine en face de l’ennemi; une fois deja j’ai recule devant vous, je ne veux plus qu’il en soit ainsi, aujourd’hui tuez-moi, mais ne me deshonorez pas. Voila ce que j’ai dit. Il poursuivit: –Merci, Magaud, bon appetit, repondis-je. Les gendarmes n’entendirent plus les paroles qui s’echangeaient. un peu? dit Caboufigue. Accablez-moi, ma cousine, je merite tous vos reproches; vous avez raison, il y a en effet au Mexique un homme pour lequel j’eprouve une sincere amitie. Panuce marchait devant, ce qui veut dire que Pancrace suivait Panuce. . Il a pris le chemin des Mayons-du-Luc. Mais en meme temps, fit Maurin narquois et immobile, toute la bonne odeur du bois, collegues! Vous etes dans une fumee a couper vraiment au couteau! Par l’effet de vos pipes, comme aussi de la cheminee ou vous brulez un chene-liege entier auquel on aura laisse son ecorce, vous etes dans un nuage qui m’empechait de vous voir.
Je suis a vos ordres, senor.
L’homme, si fortement trempee que soit son ame, si grande que soit son energie, bien que cent fois il ait brave la mort en face, lorsqu’il a vingt ans, c’est-a-dire quand il se trouve a peine sur le seuil de l’existence, que l’avenir lui sourit a travers le prisme enivrant de la jeunesse, ne peut faire ainsi abstraction complete et reelle de lui-meme et sans transition aucune passer de la vie a la mort, sans eprouver un enervement complet et subit de toutes ses facultes intellectuelles et souffrir une angoisse horrible et un tressaillement affreux de tous les muscles, surtout lorsque cette mort qui vient le prendre plein de force, de seve et de jeunesse, lui est donnee froidement, de nuit, a la derobee pour ainsi dire et qu’elle a un cachet indicible d’infamie.